Avant le documentaire, nous vous proposons en partenariat avec la Cinémathèque de Bretagne
Brasilia, extrait du film Amérique du Sud de Pierre et Annick Logeais (1960 environ, 4', 16 mm couleur, muet) - Cinémathèque de Bretagne
Dôme Niemeyer - Rotation réalisée à Tripoli de Marcel Dinahet , 2013, 2'47', HD, couleur
Oscar Niemeyer, figure dominante de l'architecture moderne et homme de gauche convaincu, a donné au Brésil et au monde, des ouvrages d'une invention formelle éclatante.
En 1982, Eric Cloué réalise pour l'excellente série de documentaires de la télévision publique Témoins, un portrait de l'architecte.
Niemeyer évoque d'abord son enfance, ses premières constructions à Belo Horizonte et son matériau préféré, le béton « Ce n'est pas l'angle droit qui m'attire, ni la ligne droite, dure, inflexible, créée par l'homme. Ce qui m'attire, c'est la courbe libre et sensuelle, la courbe que je rencontre dans les montagnes de mon pays, dans le cours sinueux de ses fleuves, dans la vague de la mer, dans le corps de la femme préférée.
Puis, ensemble, ils retournent sur les lieux de ses principales réalisations. D'abord à Brasilia, où il raconte comment le président Kubitschek se tourna vers lui pour la création de la future capitale du pays au c½ur du pays. L'Homme de Rio programmé à Travelling donne une petite idée de la démesure de la ville.
Niemeyer explique par le dessin, avec des traits amples et simples, comment il a conçu le Congrès, Le Palais de justice, Le Palais des affaires étrangères, Le Palais présidentiel et la cathédrale ? Il se rappelle l'état d'esprit de l'époque, la solidarité, et cette expérience humaine :" Les ouvriers qui travaillaient avec nous dans le chantier étaient comme des copains de tous les jours. On vivait tous ensemble. Mais quand la ville fut construite, on les chassa de Brasilia pour les placer des villes périphériques."
A Rio, sa ville natale, il ajoute : "Plus que la beauté et le charme de Rio, le plus important pour moi ici c'est qu'il y a encore de la misère, des pauvres et des favelas?.Les habitants des favelas doivent rester sur place dit-il et lutter pour obtenir la propriété de la terre. Aujourd'hui, la lutte a permis ces avancées car il n'est plus tellement facile de détruire une favela. Et ses habitants ont compris qu'ils ne doivent pas s'en aller, qu'ils ne doivent rester ici."
Pour Niemeyer, sans liberté, il n'y a pas de culture et en 1964, alors que s'instaure la dictature au Brésil, il quitte son pays. Il s'exile en Europe et y réalise plusieurs édifices, notamment l'université de Constantine en Algérie, le siège du Parti Communiste Français à Paris, et le siège des éditions Mondadori à Milan.
A la fin du film, l'homme a pu rentrer au Brésil et l'architecte est au sommet de son art. Il a soixante-quinze ans. Dans son bureau surplombant la plage de Copacabana, il lui reste des centaines de projets à imaginer et trente ans à vivre.
"L'architecture c'est la rencontre de la liberté, de la poésie et de la technique conclut-il Il ne faut pas perdre l'idée que tout ce qui crée la beauté a une fonction."