Son : Jean-Claude Boulanger, Alexandre Vanderperren
Technique : Prise de vue réelle
Images : Stéphane Adam, Claude Geens
Source : Simple Production
Evénement : Travelling 2012, Travelling 2012
Tout commence par un air d'opéra qui exalte, au cours de l'été 1830 à Bruxelles, l'enthousiasme des Flamands et des Wallons, tous dressés contre l'autorité du roi de Hollande... L'Etat belge est né.
Tout finit, cent cinquante ans plus tard, par la construction d'une grande muraille invisible entre le nord et le sud du pays, et par le divorce de deux peuples au sein d'une nation désormais déchirée et vulnérable. Entre les deux, une longue série de conflits et de revendications qui cristallisent, autour de l'identité linguistique, les clivages profonds de la société.
J’ai vécu mon enfance dans le sentiment d’appartenir à une nation quelque peu bizarre mais unie dit Luc de Heush mais aujourd’hui le lion noir de Flandres affronte le coq noir de Wallonie. Wallonie et Flandres brusquement dressées l’une contre l’autre se sont partagées les couleurs nationales. La Belgique existerait-elle encore lorsque j’aurais disparu ? se demande le réalisateur
Comment expliquer la Belgique contemporaine en moins d'une heure à un public international très éclectique et cultivé sans verser dans la caricature «moules, frites, pintjes et plat pays», voire dans le plaidoyer en faveur d'une communauté contre les autres? La tâche n'était guère aisée pour pouvoir prendre place dans la réputée case des «Mercredis de l'histoire» à quatre jours de «la mère de toutes les élections»... Et pourtant, comme on pourra en juger, le documentaire de Luc de Heusch, qui allie le talent du cinéaste et l'analyse éclairée de l'ethnologue, a réussi le pari... à 90 %...
Christian Laporte, le Soir
Ethnologue et cinéaste, Luc de Heush fut l’un des promoteurs de l’anthropologie visuelle, aux côtés de son ami Jean Rouch. Pendant cinquante ans, il a parcouru le continent africain sur les traces des Stanley et autres explorateurs de légende. Il réalise des films sur l’art, des films ethnographiques et chroniques historique sur l’Afrique.
Mais La Belgitude aussi le passionne ; d'abord avec ses étranges patois et ses multiples coutumes et folklores,
inspire cet insatiable touche-à-tout séduit par les principes libérateurs de la Nouvelle Vague. il filme dès
1958 Les gestes du repas puis Les amis du plaisir (1961), sur une troupe de théâtre amateur, dans la
Wallonie profond (projeté pendant Travelling) puis sa seule fiction Jeudi on chantera comme dimanche (1967).
Bien avant leur communautarisation ! Et sans doute était-il loin, alors, d'imaginer que ses observations sociologiques ouvraient la voie à des gens comme Manu Bonmariage et les frères Dardenne. Peut-être a-t-il surtout offert au cinéma belge cette fameuse identité...
Quelle identité ? s'interroge le sage, à plus de septante ans dans Quand j'étais Belge...