Rencontre : Alice aux pays des merveilles

Pascal Vimenet"Je ne noterai donc que deux ou trois choses que je sais des Aventures d’Alice…, de Charles Lutwidge Dodgson, dit Lewis Carroll – son auteur -, et de leur rencontre avec le cinéma.D’abord, je n’oublierai pas de faire mention de la source orale du récit carrollien ni de sa source spatiale : Les Aventures d’Alice… ont une source aquatique, et Isis n’est pas seulement le nom d’une déesse égyptienne. Nous verrons ce qu’il en est. Ensuite, je m’attacherai à examiner le rapport de Dodgson à la perception et aux images victoriennes (un peu de mystère…). J’irai aussi dégotter quelques bons vieux nonsenses qui démontreront leur solidité et la fragilité de notre monde. Et puis, je travaillerai avec vous sur les souvenirs lacunaires du texte lui-même, depuis… depuis 1865 : que vous reste-t-il, que nous reste-t-il de Carroll, même s’il est l’auteur le plus traduit après la Bible ? Le chat du Cheshire pour Miyazaki ? Les cartes vivantes pour Georges Méliès ? Le lapin blanc pour Lou Bunin ? Les toves pour Jan Svankmajer ? Un texte illisible pour cet illettré de Walt Disney (c’est lui qui l’a dit) ? Voilà qui permettra, je l’espère, de parler – et d’en faire la preuve images en main – de l’impuissance habituelle du cinéma à adapter ce texte profondément critique et impertinent et d’évoquer aussi ses réussites miraculeuses. Elles ne se comptent que sur les doigts d’une seule main malgré une bonne cinquantaine de tentatives.Parmi ces réussites, celle de Jan Svankmajer retiendra toute mon attention. En espérant pouvoir y adjoindre quelques perles venues de Gilliam (Jabberwocky), de Miyazaki (Mon voisin Totoro) et, peut-être, de Burton (dont nous rêvons tous de découvrir le nouveau film). Bref, je parlerai, comme le dit littéralement le vrai titre du film de Svankmajer, de « quelque chose d’Alice »…"