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Taipei symbolise le pouvoir, non parce ce que c’est la capitale, mais parce qu’elle a été choisie par le gouvernement colonial japonais (1895-1945) contre la ville du Sud, Tainan, alors centre du pouvoir économique et culturel de Taïwan.
Les Japonais vont également s’approprier les moyens de représentation de l’île. Cela n’empêche pas la classe bourgeoise taïwanaise de s’emparer de la caméra et embrasser cette modernité nouvellement arrivée (Ceci n’est pas un film de Deng Nan-Guang). Ce jeu de qui filme (le pouvoir ? les autres ?) traverse toute l’histoire du cinéma. Après-guerre, suite à l’arrivée des Nationalistes chinois qui fuient les communistes et imposent « La Terreur blanche»1, le cinéma est dominé par les nouveaux arrivants qui dirigent une production à la gloire du Parti. Pourtant, PAI Ching-Jui, exilé chinois admirateur du néo-réalisme, filme un portrait de la ville au petit jour (A Morning in Taipei), éloigné des représentations officielles et qui se rapproche des productions en langue taïwanaise, à petit budget, donnant une autre image de la réalité. Ainsi, Early Train from Taipei (1964) dénonce une ville-mirage où se
perd la jeunesse, (et où en 2000 s’étiole la Vicky de Millennium Mambo). Les années 1960, c’est aussi bien Foolish Bride, Naive Bridegroom (1967) qui montre une jeunesse taïwanaise
éprise de liberté qui envoie balader les traditions que A Brighter Summer Day d’Edward YANG (1992), souvenirs des affrontements d’une génération d’exilés en perte de repères.
Cette ville à la fois fascinante, laide, attachante et parfois destructrice, est la muse de nombreux réalisateurs, comme Edward YANG toujours qui la saisit juste avant la levée de la loi martiale dans Taipei Story et The Terrorizers. Cette période charnière de boom économique est illustrée par Poussières dans le vent et le très rare La Fille du Nil de HOU Hsiao-Hsien, où une jeune héroïne navigue entre son quartier d’anciens militaires délabré et la ville en effervescence. Taipei, c’est aussi la ville mélancoliquement burlesque de TSAI Ming-Liang, qui film après film, déclare son amour à cette métropole de la solitude. L’évolution de la ville est saisie dans Kuei-Mei, a Woman et dans Super Citizen Ko comme métaphore de la condition taïwanaise d’après-guerre où le cauchemar n’est jamais loin. Cette vision sombre traverse aussi bien Parking que Face à la Nuit ou Nina WU.
Mais sortir de Taipei et explorer est un acte politique pour affirmer la présence des minorités ethniques, comme Laha Mebow qui filme sa tribu dans la chronique douce-amère, Gaga, ou l’ethnographe HU Tai-Li qui documente aussi bien les Tsou de Orchid Island que les Paiwan et leur système visuel. C’est aussi The Great Buddha +, comédie noire, qui loin de la capitale capte le lumpenprolétariat et la mafia dans une campagne sinistre.
L’ailleurs, c’est aussi celui de Midi Z, taïwanais d’origine birmane, qui opère des aller-retours dans son pays d’origine et filme souvent de façon clandestine ses fictions désespérées.
Enfin, les réalisatrices taïwanaises s’imposent, telle la très engagée Singing CHEN qui glisse de la fiction (God Man Dog) au documentaire (The Walkers) et dont la dernière œuvre en VR, The Man Who Couldn't Leave est un bouleversant hommage aux prisonniers politiques des années de dictature, dont le pendant féminin est Untold Herstory de Zero CHOU. Avant elles, au début des années 1980, Mi-Mi LEE, une des pionnières, a tenté dans une industrie dominée par les hommes d’offrir un autre regard sur les personnages féminins comme dans Unmarried Mothers qui touche à un sujet alors tabou, les mères célibataires. Toutes les deux, la pionnière et la réalisatrice contemporaine seront là pour présenter leurs œuvres.
Le cinéma de Taïwan arpente aussi bien la ville que des contrées lointaines et il défriche de nouveaux territoires esthétiques et thématiques à découvrir lors de cette édition.
Podcast En attendant Travelling : Taïwan et le cinéma par Wafa Germani
La Terreur blanche : voir à ce sujet le film vr The Man Who Couldn't Leave et les 2 longs métrages Super Citizen Ko et Untold Herstory.
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