Avec Lee Seung-yun, Jae Hee, Kwon Hyeok-ho, Joo Jin-mo, Choe Jeong-ho, Lee Joo-seok
Décor : Kim Hyeon-ju
Montage : Kim Ki-duk
Musique : Slivan
Scénariste : Kim Ki-duk
Son : Kim Yong-hoon
Technique : Prise de vue réelle
Images : Jang Seong-baek
Source : Pretty Pictures
Evénement : Travelling 2016, Travelling 2016
Tae-suk arpente les rues à moto afin de repérer les maisons désertées qu’il occupe quelques jours, le temps de l’absence de ses habitants. Un jour, il s'installe dans une maison aisée et découvre Sun-houa, une femme malheureuse. Ensemble, ils vont habiter les maisons vides… Beau, poignant, parfois drôle, l’histoire d’un amour fou. Lion d’Argent du meilleur Réalisateur Mostra de Venise 2004Samcheong-dong
Critique : Le thème du regard et de la perception est omniprésent dans le film, et se décline de diverses manières. Comme Tae-suk a pris possession des lieux en ignorant que Sun-hwa s’y trouvait, cette dernière le suit d’abord discrètement et l’observe, dans un jeu de cache-cache subtilement mis en scène. Le laissant évoluer à sa guise, elle retarde ainsi leur rencontre. À un second niveau, un jeu s’organise autour des photos, tantôt objet d’art (l’album de photos de Sun-hwa en tant que mannequin), tantôt objet intime et personnel (les photos de famille). Dans de nombreux plans, personnages réels et photographies se juxtaposent, soulignant ainsi la relation problématique entre le monde réel et celui des images. Le regard du spectateur est également remis en question, car gêné par des barrières qui se dressent entre lui et le personnage (une fenêtre, une vitre de voiture, un aquarium, ou l’embrasure d’une porte). L’œil que le héros dessine dans sa main alors qu’il se trouve en prison achève d’inscrire le motif de l’œil et du regard comme une des clés du film.En proposant une réflexion sur l’immatérialité des personnages et des images, Kim Ki-duk interroge aussi notre croyance de spectateur de cinéma. Le film se révèle être un mélange d’éléments matérialistes et quotidiens, et en même temps d’évanescence et d’intemporalité, à l’image de l’affiche du film, aérienne et énigmatique. Que savons-nous au juste de Tae-suk ? Sommes-nous sûrs qu’il existe ? Les hypothèses à son sujet se succèdent : est-il un homme réel, un fantôme, un ange gardien, une fantasmagorie de Sun-hwa ? Il demeure finalement impossible de trancher, comme le suggère l’épilogue du film.Audrey Jeamart, Critikat