A la fin de la guerre de Corée, Dong-shik arrive à Séoul pour retrouver son frère qui a disparu sans donner de nouvelles. Il pénètre dans un univers rude où les prostituées vivent de l’argent des G.I, et où les trafics en tous genres pullulent… Shin Sang-ok, grande figure du cinéma coréen, signe un mélodrame néoréaliste sur les désordres de l’après-guerre en explorant les marges de la société.porte de Namdaemun, gare de Séoul, Jongno-gu
Critique : La Servante, réalisé en 1960, en est souvent envisagé comme la pièce maîtresse, ne serait-ce que parce que Kim en signa lui-même deux remakes au fil de sa carrière, dans son désir d’accompagner les évolutions de la société coréenne par la reformulation d’une seule et même histoire. Celle du conformisme patriarcal et bourgeois figuré par une famille moyenne qui vit autour d’un totémique et vertigineux escalier, et déchiqueté lorsque s’y immisce une soubrette aux pulsions et désirs ravageurs.D’une éblouissante modernité, le film évoque nombre de splendeurs alors encore à réaliser d’Oshima, Aldrich, Pasolini, Losey ou Buñuel. Mais s’il est une œuvre avec laquelle celle de Kim entretient un étroit cousinage, c’est celle du Fritz Lang hollywoodien et ses films noirs architecturés avec une délirante exactitude, où le décor réaliste se fait expressionniste, et la musicalité morbide de ses compositions en mouvements frise sans cesse un sublime point d’affolement.Julien Gester, Les Inrocks