Dans le train qui les emmène au festival de Vesoul, les cinéastes Amos Gitai et Elia Suleiman discutent à bâtons rompus des sujets qui les préoccupent : la guerre et la paix au Proche-Orient, leurs projets de films, leurs villes et leur vie privée... A Vesoul, l'accueil des Français est plutôt cocasse et la question de la guerre et de la paix au Proche-Orient ne soulève que des malentendus : par une sorte d'exotisme inversé, on finit par se demander qui est "l'étranger" dans l'histoire.
Critique : "La Palestine n'existe plus. Si elle n'existe plus, ce n'est pas seulement en raison de la façon dont elle fut rayée de la carte dans le passé, mais de par la destruction de tout espace de réalisation de l'idée palestinienne dans le futur : les solutions politiques aujourd'hui à l'œuvre, depuis les accords d'Oslo jusqu'aux récents traités de Wye Plantation, ont fait perdre à la cause sa valeur. Ainsi en sont-elles les plus efficaces fossoyeurs. Très concrètement. Il suffit, pour s'en convaincre, de regarder une carte de la Palestine : des lambeaux épars, loques d'un espoir lacéré. Avec une douceur non exempte d'une impalpable cruauté, Elia Suleiman oppose cette position comme une fin de non recevoir aux phrases d'Amos Gitaï dans Guerre et paix à Vesoul. Aux phrases qui veulent fabriquer, avec les matériaux des belles idées d'un cinéaste engagé, mises au service des bonnes causes, moyennant quelques accommodements avec le Ciel de la Realpolitik, des « œuvres » ambitieuses, grasses colombes fortes de leurs messages, comme instruments de beaux lendemains...."Sabine Prokhoris-Vacarme printemps 1999