Pour un méfait dont on ne saura rien, Kamel a subi une double peine (prison en France puisexpulsion en Algérie). Revenu clandestinement dans la Cité des Bosquets en régionparisienne où il a grandi, Kamel tente, avec le soutien de sa famille, un véritable clan, de seréinsérer dans le monde du travail. C'est alors qu'il devient observateur impuissant de ladécomposition sociale de son quartier...
Critique : Le premier film autofinancé de Rabah Ameur-Zaïmeche pose un regard juste sur la réalité des banlieues. A partir d'une trame écrite avec son pote Madjid Benaroudj, le réalisateur amobilisé son clan (copains, frères, neveux...) et tout le monde a improvisé. Par cette façon de faire corps avec un environnement, cette proximité, cette intimité (les portraits de la mère et de la soeur émancipée par exemple), le film tranche sur la sociologie du discours télévisuel dont on nous abreuve d'habitude. Mais Ameur-Zaïmeche ne se contente pas d'une approche d'anthropologique pour parler des siens, les scènes sont décrites avec lucidité. Celle-ci par exemple : Irène, l'institutrice, s'inquiète de l'absence de Kamel ; elle vient rendre visite à la mère de son ami. Devant les réponses hargneuses de la "maman" aux questions d'Irène ("qu'elle laisse mon fils tranquille"), la soeur de Kamel qui traduit de l'arabe au français maquille les réponses ou les adoucit. Au-delà de l'aspect comique et cruel, il se joue ici une vérité, celle de trois positions, trois places dans la société dont le centre (la fille, avocate mariée à un français, ayant quitté la cité pour habiter dans un pavillon) représente l'équilibre précaire. Loin de se contenter d'enregistrer le désoeuvrement ou la violence des jeunes, WESH WESH montre aussi qu'une douceur est possible, lors de belles séquences de pêche ou de golf improvisé, ou par le spectacle des anciens prenant le frais à la tombée du soir.A l'heure où cette population est stigmatisée par le battage médiatique, Wesh Wesh souligne la volonté farouche des habitants de Seine Saint-Denis de garder leur dignité.