Pendant deux ans, Nikolaus Geyrhalter a placé sa caméra au coeur des plus grands groupes européens agricoles, nous donnant accès des zones inaccessibles. Il a filmé les employés, les lieux et les différents processus de production pour réaliser un documentaire cinéma qui interroge et implique intimement chaque spectateur. Notre pain quotidien ouvre une fenêtre sur l'industrie alimentaire de nos civilisations occidentales modernes. Réponse à notre sur-consommation, la productivité nous a éloigné d'une réalité humaine pour entrer dans une démesure ultra-intensive qui a rejoint les descriptions des romans d'anticipation. Cadrages minutieusement composés, images cristallines, montage fluide construisent un film sans commentaire, sans propagande, dont les images parlent et demeurent. Notre Pain Quotidien questionne, inquiète et fascine.
Critique : POSITIF - Eric Derobert Que Nikolaus Geyrhaltere en vienne à ce qu'un avion d'épandage(...)produise un effet inquiétant peut encore passer pour un clin d'oeil badin à "La Mort aux trousses". Qu'il obtienne le même effet en montrant simplement un cageot de pommes sur un tapis roulant dénote le pouvoir de son écriture répétitive. L'HUMANITE - Jean Roy Nous sommes là dans l'énonciation, pas la dénonciation. Aucune marque n'est visée, juste la froideur, la déshumanisation d'un monde, le nôtre, celui où nous mangeons. C'est terrifiant et fascinant à la fois. Et, de surcroît, c'est du cinéma. LIBERATION - Didier Peron Le film n'est pas une charge bioéquitable tournant en ridicule les errements d'une industrie vivrière devenue folle à force de gigantisme. Au contraire, Geyrhalter s'abstient de tout commentaire. Son approche froide, esthétisante, en séries de plans fixes parfaits, organise savamment la stupéfaction muette que le film entend susciter.