États-Unis d'Amérique / 1971 / 1h95 / couleur / VOSTF
Genre : film expérimental
Technique : prise de vue réelle
Critique : Jusqu'en 1912, les producteurs américains mettaient leurs biens ensécurité: ils déposaient une copie de leurs films sur papier - donc nonprojetable - à la US Library of Congress. Seules preuves de l'existencedes films, elles y restaient un demi siècle, oubliées, et sedésintégraient. Au début des années 60, un ancien détective, quin'avait rien à voir avec le cinéma, a appris l'existence de cettecollection. Il a commencé à rephotographier, image par image, laplupart de ces vieilles bandes et à les retransférer sur pellicule.Ainsi il les a sauvées, pour nous et pour le cinéma, en les ramenantpour ainsi dire à la vie. Quant à moi, j'ai été poussé à prendre part àcette entreprise en voyant le film Tom, Tom, The Piper's Son, tourné en1905. C'était un film fantastique, déroutant, secret, une purefantasmagorie qui invitait à s'immerger dans ses profondeurs. Quellesprofondeurs ? La surface ! Ici, à chaque instant on est confronté àl'écran. L'opposition entre apparence et réalité devient le thème dufilm à plusieurs niveaux. Le travail que j'ai entrepris est aussijoyeux qu'analytique (c'est à dire morbide). Je considère ce film commeun débordement non avoué de l'auto-analyse. Les éléments filmiques sontdes signes représentant les forces intérieures qui, trèsvraisemblablement, ont pour rôle de réagir avec emphase à la surchargeinconsciente des images du film original. (...)«Le projecteur est une sorte de montre,» me disait un ami, et le filmest une machine qui transforme tout ce qui entre, en quelque chose demécanique. Chaque film est une boucle répétitive à l'infini, tout cequi est montré est enroulé. Et cependant, les gens de 1905 ont l'air sivivants et exaltés. Il y a dans le cinéma quelque chose de fou.Malheureusement, j'ai une connaissance très limitée du structuralisme,qui l'était encore plus quand j'ai tourné ce film. C'est peut-être vraique mon film Tom, Tom... n'est pédagogique que par hasard. Pour moi, ilest surtout une chute libre étourdissante ; seule la constructionmécanique tient au-dessus de l'abîme.