Ouvrier dans une usine de bouteilles, Pierre décide de passer de service de jour en service de nuit. Dans sa nouvelle équipe, il travaille avec Fred, homme à la fois charismatique et violent. Tout en affirmant que Pierre est son copain, Fred ne rate pas une occasion pour le brimer ou l'humilier. L'autre souffre mais ne se révolte pas. Tout cela ne pourrait être qu'une mauvaise blague mais le harcèlement se poursuit dans une spirale infernale jusqu'à un rebondissement qui change la donne psychologique et humaine.
Critique : L'auteur de "L'année Juliette" revient avec ce troisième long métrage au ton de son premier court métrage "Le clou" qui l'avait fait remarquer : grave et subtil, sensible et généreux. Le monde ouvrier avec "Ressources humaines" avait été récemment fortement restitué. Dans "Trois huit", cet univers existe avec authenticité mais l'identité sociale, idéologique des personnages est placée au second plan pour privilégier les rapports humains dans leurs complexités et leurs ambiguïtés, passions et tendresses aussi. Les thèmes du couple, de la paternité, du bien et du mal, de l'innocence, de la rédemption quasi christique, bourreau/victime, dominant/dominé...- traversent et enrichissent ce film attachant et original, qui rappelle parfois (tout en étant profondément ancré dans le présent et le moderne), certaines œuvres de l'époque du Front Populaire ou du néo-réalisme italien.