Avec une narration clairsemée et un collage intense d'images saisissantes, l'hommage de Věra Chytilová à Prague capture l'esprit de la capitale tchèque dans des détails extrêmement intimes. Juxtaposant par saccades des vues panoramiques avec des gros plans méticuleux, d'une façon à la fois fascinante et inquiétante, Chytilová évoque de manière vivante les flux et reflux turbulents de l'histoire de la ville avec des méditations visuelles obliques sur son art et son architecture. Elle entrecoupe celles-ci avec des images de Prague du XXème siècle, un lieu branché qui est constamment poussé en avant par les fantômes d'un passé tumultueux. Comme on peut s'y attendre d'une réalisatrice qui était parmi les plus avant-gardistes de la Nouvelle Vague tchèque, il y a beaucoup de fioritures expérimentales qui attirent l'attention. Une séquence particulièrement mémorable, par exemple, capture avec brio le spectacle criard d'un gala sportif communiste chorégraphié. Les éléments visuels ambitieux du film sont habilement complétés par la partition impressionnante de Michal Kocáb, qui raconte sans effort l'évolution de la ville à travers une variété de styles musicaux, allant du classique baroque au rock progressif.