En 1927, le cinéaste Oskar Fischinger parcourut pendant trois semaines les routes secondaires entre Munich et Berlin, filmant image par image les gens qu’il rencontrait sur le chemin et les lieux qu’il traversait. En 2020, le réalisateur reproduit ce geste au cours d’une marche d’un mois entre Paris et Brest.
Note de Vincent Le Port, réalisateur : Le film d’Oskar Fischinger est pour moi un des plus beaux jamais tournés. Je le regarde plusieurs fois par an, toujours avec la même sidération, et à chaque fois il me donne envie de prendre une caméra et d’aller filmer ce qui se passe dehors. Et puis un jour, après avoir fini mon premier long métrage de fiction, cette envie a été plus forte que tout, et je me suis lancé, avec cette idée de reprendre le « concept » du film de Fischinger et de l’actualiser. Fin 2020, j’ai donc marché pendant quatre semaines en solitaire de Paris à Brest, en emportant avec moi cinq bobines de super 8mm et une vieille caméra qui me permettait de filmer image par image. Je tenais à tout filmer à égalité, sans hiérarchiser les choses : une route, un ciel, un visage, un animal, une maison, tout devait être filmé au même niveau, dans une sorte d’élan vital et joyeux, qui rende hommage à Fischinger, qui donne envie d’aller à la rencontre de l’autre, qui donne envie de filmer le monde et de prendre les chemins de traverse. Je crois qu’en soi je cherchais aussi à retrouver une sorte de magie originelle du cinéma, un émerveillement devant le simple défilement des images.