La marée fascine parce qu’elle redessine sans fin la frontière entre la terre et l’océan. Insensiblement tout change, varie sous l’effet du flux et du reflux et des changements permanents de lumière.
Note de Vincent Le Port, réalisateur :
J’ai tourné ce film lors d’une résidence d’écriture au Groupe Ouest. Notre lieu de résidence se situait à une minute à pied de la plage où j’ai tourné le film. Je m’y rendais tous les jours, le matin, l’après-midi, le soir, la nuit, souvent pour me retrouver seul. J’ai pu voir cette plage durant les quatre saisons, à marée haute et à marée basse. La mer, le sable, la terre, les rochers, le ciel, la lumière, le vent étaient toujours différents, modelant et métamorphosant le paysage au sein d’une même journée. C’est lors de la dernière session de résidence que j’ai décidé de tourner La Terre, à la fois comme un hommage à cet endroit et au temps que j’y avais passé, mais aussi pour faire cette expérience singulière de suivre une marée de l’aube au crépuscule, de 6 heures à 19 heures, afin qu’une chose quotidienne redevienne, parce qu’on prend le temps de la regarder, mystérieuse, et presque magique. Je ne souhaitais pas filmer l’espace d’un point de vue extérieur, observer la marée à distance, mais la suivre, la subir même. Ne pas embrasser tout l’espace par un plan large fixe surplombant, comme le font la plupart des time-lapse, mais faire partie prenante de cet espace, et, par d’incessants recadrages, marquer l’impossibilité de tout posséder par l’image.