"Beyrouth est une ville formidable. On se croirait au centre de tout. À Beyrouth, entre 1975 et 1990, il y avait une guerre civile, c'est-à-dire que tout le monde voulait exterminer tout le monde. Aujourd'hui, la guerre est finie. Elle s'est arrêtée un jour, comme ça, après avoir gangrené nos vies. J'ai voulu filmer le vide qu'elle a laissé. Sa présence fantomatique. Cette plaie..."
Critique : Après une longue guerre civile qui a duré seize ans et s'est officiellement terminée en 1991, Beyrouth aujourd'hui se reconstruit. Mais sous l'apparence d'une vie paisible, le pays vit toujours avec la hantise de la guerre. Chacun vaque à ses occupations comme s'il ne s'était jamais rien passé mais, paradoxalement, sur un plan personnel, les vies sont gangrenées par les traumatismes du conflit. Ceux qui l'ont mené circulent en toute impunité, continuant à le fantasmer, alors que ceux qui l'ont subi peinent à l'oublier. Il n'y a eu ni sanction, ni pardon, ni dialogue : le refus collectif de reconnaître et de punir les responsables de la guerre perdure encore.
Danielle Arbid, au travers de cette douloureuse quête personnelle, tente d'ouvrir une brèche dans ce silence. Malgré la chape de plomb qui entoure le pays et la culpabilité qui tient la ville en otage, elle ose un cri du coeur qui se confronte à la réalité de ces sombres années.