Conviés à une soirée donnée par leur ami Victor Ziegler, le docteur William "Bill" Harford et son épouse Alice font, chacun de leur côté, l'objet de tentatives de séduction plutôt osées. L'un et l'autre résistent à la tentation. Cependant, le lendemain, Alice avoue à son mari qu'elle a naguère songé à le tromper et regrette aujourd'hui de ne pas être passée à l'acte. Très ébranlé par cette révélation, William se rend chez une patiente, une jeune femme vulnérable qui vient de perdre son père. Celle-ci, contre toute attente, lui déclare sa flamme. De plus en plus perturbé, il choisit de s'enfuir. Dans la rue, il se fait accoster par une jeune prostituée, Domino, qui l'entraîne chez elle...La Nouvelle rêvée d’Arthur Schnitzler, explorateur des désirs subconscients, est adaptée ici avec une fascinante fidélité, mais où transparaît toujours la mise en scène vertigineuse de Kubrick.
Critique : Dans les décors plus vrais que vrais d'un New York de studio, le cinéaste invente un monde peuplé d'êtres grotesques ou insaisissables, et sa maîtrise formelle est décisive : c'est de la mise en scène, et d'elle seule, que naît l'impression de vertige. Sur le couple, son intimité, ses non-dits, Kubrick n'avait pas de vérités saisissantes à révéler. La morale de l'histoire, telle que Bill et Alice se la confectionnent, est modeste. Et presque superflue au regard des abîmes que Bill a côtoyés, marionnette manipulée par Kubrick avec une précision diabolique. Jean-Claude Loiseau, Télérama, 18/09/1999