Avec Ethan Hawke, Zoë Kravitz, January Jones, Bruce Greenwood, Jake Abel
Décor : Guy Barnes
Montage : Zach Staenberg
Musique : Christophe Beck
Scénariste : Andrew Niccol
Technique : Prise de vue réelle
Images : Amir Mokri
Source : La Belle Company
Game of Drones
Evénement : Travelling 2016
Tommy Egan, pilote de chasse reconverti en pilote de drones, combat les Talibans depuis une base du Nevada. Mais de retour chez lui, ses relations avec sa famille sont exécrables. Pris d’un cas de conscience, il remet peu à peu en cause l’éthique de sa mission. Une réflexion intense sur l’engagement militaire américain et sur la nature virtuelle des combats armés, entre jeu vidéo et réalité.
Critique : Un héros américain déchu : pilote de chasse, le commandant Tommy Egan ne fait plus voler que des drones. Enfermé dans un conteneur banalisé, sur une base militaire près de Las Vegas, son écran de contrôle lui montre la Terre, quelque part au Moyen-Orient, filmée de si haut qu'elle en devient presque abstraite. Mais pas pour lui. On lui désigne des cibles à bombarder, il voit des humains qu'il doit détruire. Et ça le détruit, comme l'alcool dont il abuse... Il est beau, ce personnage, cet oiseau blessé interprété par Ethan Hawke avec un désenchantement fiévreux digne de Montgomery Clift. Pour mener la guerre d'aujourd'hui, technologique et furtive, il faudrait que le commandant Egan devienne lui-même une machine. Au lieu de quoi, il résiste, pense, souffre. Le film trouve là une dimension mentale séduisante et pleine de tension. Car les états d'âme du militaire surgissent dans une réalité qui semble simplifiée, géométrique, comme les maisons du lotissement où il vit avec sa famille.La superbe mise en scène d'Andrew Niccol donne toute sa complexité au personnage. Filmé à plusieurs reprises avec un crucifix derrière lui, accroché au mur de la chambre à coucher, il est désigné comme un croyant possible. En tout cas, un homme honnête qui veut rester fidèle à sa femme — alors que tout le pousse vers une charmante collègue — et à son idée du bien. Les autres pilotes de drones, après avoir fait feu, s'exclament « Good kill ! » (« en plein dans le mille ! »). Pour lui, cette logique entre le « good » et le « kill » soulève des interrogations morales. Nobles, assurément, mais qui, dans ce monde explosif et martial, passent par la violence. La guerre, c'est ça.Frédéric Strauss, Télérama