À Rio de Janeiro, une certaine élite peut s'offrir le luxe d'habiter dans des « coberturas », ou « penthouses », ces grands appartements situés au dernier étage de hautes tours, avec jardin et piscine. Surplombant la ville, la mer et toute la société, elle ne voit plus le monde que de loin ou de haut, à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol. Le film monte à la rencontre de neuf de ces foyers. Femmes et hommes, en couple, seul ou en famille, c'est un véritable échantillon d'une ancienne et nouvelle bourgeoisie brésilienne qui se dessine ici.
Gabriel Mascaro, dont c'est le second film (Travelling présente aussi cette semaine son dernier opus Domestica) nous révèle comment le sujet a imposé une écriture filmique précise :
« Au Brésil il existe un motif singulier de l'architecture, certains spécialistes l'appellent l'architecture de la peur ou l'architecture de l'horreur, car cette architecture représente bien l'horreur de la société brésilienne. Les coberturas sont des lieux ou les riches aiment vivre car c'est un symbole de leur statut, de leur pouvoir. Il m'a été très difficile d'avoir accès à ces habitants. Avec les gens riches, vous n'avez pas le temps pour faire des interviews. J'avais seulement une heure ou deux. Et j'étais aussi contraint par tout ce que je n'avais pas le droit de filmer. Je ne pouvais pas bouger, la caméra était vissée sur son pied et ce cadre fixe durant les interviews est devenu une sorte d'affirmation politique : je ne pouvais travailler qu'avec la parole, seulement avec ce qu'ils allaient me dire.
Je trouve très intéressant dans le film le contraste entre les images d'interviews et les images d'extérieurs que j'ai réalisées pour exposer les sensations personnelles que j'éprouve vis à vis de cette classe, de ces gens, de cette manière de penser à propos de ce sujet. Mon seul espace de subjectivité est donné par ces images, par le son, par le contraste créé avec l'interview.
Ce film est important pour le cinéma brésilien afin de commencer une nouvelle époque qui va permettre de réfléchir à la manière de penser des gens riches et des personnes de classe moyenne. On découvre une nouvelle manière d'appréhender les inégalités du Brésil, la violence, l'insécurité, dès lors que vous comprenez ce que les riches pensent de ce pays. »