Un très jeune prince passe quelques jours dans un palace au bord de la mer. Il prépare ses examens et s'ennuie ferme. Il est très attiré par le phare au bout de la plage. N'y tenant plus, il fugue et rencontre Karol, le gardien misanthrope qui soigne les oiseaux blessés qu'il recueille. Karol s'attache à l'enfant et lui ouvre les portes de son domaine, « Taxandria », le royaume de l'éternel présent. Cette contrée onirique aux ruines aussi délabrées que somptueuses est soumise à un régime totalitaire. Pourtant, deux adolescents, Aimé et Ailée, vont transgresser le tabou et aller de découvertes en découvertes. Fasciné, le prince va découvrir par procuration la force de l'amour et la valeur de la liberté.
Pionnier d'une technique mélangeant animation et prise de vues réelles, Raoul Servais a offert de très beaux courts métrages au septième art, dont Papillons de nuit (Grand Prix du Festival d'Annecy en 1997). Dans les années 1980, il imagine son unique long métrage, une fable fantastique dans laquelle les acteurs jouent dans de gigantesques décors dessinés par François Schuiten : Taxandria. Inspiré entre autres par les peintres surréalistes belges Delvaux et Magritte, ainsi que par sa ville natale d'Ostende, Raoul Servais a imaginé une cité onirique où le passé et le futur n'existent plus. Un film d'aventure fantastique pour les grands et aussi pour les petits (à partir de 10/12 ans)
A voir : interview (passionnant) avec Raoul Servais : http://www.dailymotion.com/video/xc8zj5_taxandria-de-raoul-servais_shortfilms
A lire : entretien avec François schuiten : http://www.cinergie.be/webzine/francois_schuiten
et http://www.actuabd.com/Schuiten-Peeters-exorcisent-le
" A Taxandria, le temps n'existe pas. Chaque jour, on y imprime le même journal, qui annonce les mêmes nouvelles. Tout ce qui pourrait donner des idées d'évasion livres, images, machines volantes est interdit. Seul Aimé, un jeune garçon, se bat pour enrayer cette monotonie et libérer sa fiancée, prisonnière du Jardin des plaisirs... Les mégalopoles concentrationnaires ont toujours inspiré les cinéastes. Ici, le décor est plus séduisant qu'effrayant. Tout ce qui pouvait sembler agressif dans La Cité des enfants perdus, de Caro et Jeunet, est exprimé en douceur sur fond de tons pastel. C'est l'oeuvre de Raoul Servais, peintre et animateur, qui a accompli un travail de titan maniaque pour que naisse la splendeur visuelle de Taxandria. Chaque photogramme des comédiens a été reporté sur un support transparent, comme pour un dessin animé. On a tout refilmé, image par image, en superposant personnages, photos, dessins en trompe l'oeil... Cathédrale ensablée, immeubles de guingois, ruines fantomatiques : chaque décor (imaginé par François Schuiten, auteur des Cités parallèles, une série de BD fantastique) est une belle réussite visuelle. Un labyrinthe mène Aimé, le héros, à la cave aux horloges arrêtées ; il croise une colonne de fonctionnaires à chapeaux coniques, semblables à des robots enlisés dans la brume. Dans ces moments plane sur le tableau l'ombre de Magritte et de Delvaux. "