Eric Bishop, postier à Manchester, traverse une mauvaise passe. Sous son nez, ses deux beaux-fils excellent en petits trafics en tous genres, sa fille lui reproche de ne pas être à la hauteur, et sa vie sentimentale est un désert. Malgré la joyeuse amitié et la bonne humeur de ses collègues postiers qui font tout pour lui redonner le sourire, rien n'y fait... Un soir, Eric s'adresse à son idole qui, du poster sur le mur de sa chambre, semble l'observer d'un oeil malicieux. Que ferait à sa place le plus grand joueur de Manchester United ? Eric en est persuadé, le King Cantona peut l'aider à reprendre sa vie en mains.
Critique : Convaincant pour la première fois à l'écran, Cantona s'amuse (et nous avec) en se moquant de son image médiatique : quand Eric le facteur se plaint de ses malheurs, coach Eric lui délivre des sentences définitives avec un sérieux imperturbable. « Celui qui ne lance pas les dés ne fera jamais un double six » rappelle la repartie, devenue mythique, que le joueur lança un jour à des journalistes médusés en conférence de presse (« Quand les mouettes suivent un chalutier, c'est parce qu'elles pensent que des sardines seront jetées à la mer. »). Le catalogue des aphorismes cantoniens s'enrichira désormais d'un « Je ne suis pas un homme. Je suis Cantona ! » appelé à devenir culte. L'humour est un élément essentiel (et souvent négligé) de la filmographie de Ken Loach, y compris dans les chroniques sociales, âpres et bouleversantes, que sont Raining Stones et Sweet Sixteen. Mais jamais le réalisateur anglais n'avait autant assumé le registre de la comédie que dans ce film euphorisant, dont le charme parvient à résister à un virage vers le polar, peu convaincant, à la mi-temps.