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          • Chanson d'Ar-mor

          • De Jean Epstein

          • Type : court métrage
          • France / 1934 / 00:40 / noir et blanc
          • Genre : documentaire
          • Avec Yvon Le Mar'hadour, Francis Gourvil, François Viguier
          • Scénariste : Jean des Cognets
          • Evénement : Travelling 2015, Travelling 2015
          • Un jeune marin pêcheur pauvre aime la fille d'un châtelain. Hélas celle-ci est promise a un homme plus riche... Dans ce premier film tourné en langue bretonne, Jean Epstein offre l’interprétation du film aux gens locaux, pour une ballade charmante accompagnée d’une bande son aux résonances marines d’une force délicate.
          • Critique : Le cinéma Royal de Rennes fait salle comble pour accueillir le quatrième film breton de Jean Epstein. Œuvre de commande, Chanson d’Ar-mor, adapté d’un roman de Jean de Cognets (D'un vieux monde, 1918) et dialogué par Fanch Gourvil, rédacteur à L’Ouest-éclair, présente l’originalité d’être le premier film tourné en langue bretonne.

            A l’unisson, la presse nationale et de province accueille avec enthousiasme ce moyen métrage d’une quarantaine de minutes, premier essai de cinéma régionaliste. « Un beau film sur la Bretagne », « un grand succès populaire », titrent La Côte d’Emeraude et L’Ouest-Eclair. Porté/ Distingué/ Illustré par une photographie « parfaite » (L’Esprit médical) et une « musique [qui] sent bon la Bretagne » (L’Aube musicale), Chanson d’Ar-mor « fresque inoubliable (…), promenade charmante (…) évocation inégalée de tous les sites » (L’Ouest-Eclair) bretons, « est assurée d’un chaleureux accueil » (Le Journal).

            La composition musicale comble les critiques. « La musique de J. Larmanjot, inspirée de vieux airs bretons dont la plupart sont admirables, enveloppe les images d’un élan soutenu comme d’une rumeur marine gonflée d’espérance et d’amertume », écrit Pierre Leprohon dans L’Echo d’Oran. Maurice Brillant, pour la revue spécialisée L’Aube musicale, confirme et développe les propos tenus dans le quotidien algérien : « Au lever de rideau (…), on est séduit et on est fixé… l’ouverture (…) est d’une puissance et d’une largeur remarquables et l’on est envoûté déjà par ses grandes harmonies. Déjà aussi on admire cet orchestre, nourri sans excès, bien équilibré, plein à la fois et léger, qui, capable de force, est capable aussi de délicatesses infinies ».

            « L’interprétation mérite d’autant plus les louanges, qu’elle est confiée, nous l’avons dit, à des non-professionnels », précise René Rabier qui s’arrête particulièrement dans les colonnes de L’Ouest-Eclair sur « Yvon Le March’hadour (Jean-Marie Maudez), dont le masque si breton reflète une intensité dramatique que lui envieraient beaucoup de vrais artistes, a donné à son personnage la note exacte (…) ; Rozen, la douce amie, c’est Mlle Solange Monchaire. Son talent est fait de simplicité, de grâce et d’harmonie. Elle joue avec aise, sans forcer les effets ». Ainsi « conçu et joué par des non professionnels bretons, il représente un louable et heureux effort de décentralisation artistique », observe Le Matin.

            Esthète de la pellicule, « l’auteur de Finis Terrae est un génial ouvrier du rythme cinématographique. Ses cadences, ses passages, la force de ses prises de vues, ses regards en altitude, ses retournements de profil, sont d’un modernisme aigu. Son découpage est extrêmement habile, ses surimpressions d’une étrange profondeur. Aucun cinéaste ne possède autant qu’Epstein le sens la vitesse. Ses allegros visuels bondissent comme une Sonate de Scarlatti » rapporte Jean Reubell-Laporte dans L’Ouest-Journal. « Histoire poignante et tendre, d’une naïveté, d’une gaucherie touchantes », Pierre Leprohon célèbre dans Les Amitiés de Saint-Etienne, un « rythme … conduit de main de maître, tour à tour alangui, ardent, coupé d’envolées lyriques, de successions de plans rapides, toujours justes, adéquat. Et la qualité des meilleures œuvres d’Epstein reparaît dans sa manière de voir et de présenter la matière qui compose les images : visages, monuments, paysages, de saisir les rapports qui les unissent ou les opposent ».

            « Une première à Rennes : Un film breton », titre Candide qui pour « la première fois » a dépêché expressément François Vinneuil à « cents kilomètres aller et retour pour voir un film ». Selon ce dernier, « les auteurs peuvent être satisfaits. Ils ont bien rempli l’essentiel de leur programme qui était d’éviter les poncifs bretons, d’opposer une poésie véridique à certains pêcheurs d’Islande dotés d'une insupportable mémoire ». L’événement ne passe pas inaperçu : « la date d’aujourd’hui [23 novembre 1934] marquera une étape importante dans l’œuvre de décentralisation que poursuit avec succès l’élite artistique de Bretagne », note Le Journal ; un film qui, « en dehors de sa valeur technique, a une particularité, celle d’avoir été tourné en langue bretonne, particularité qui double le prix du document », renchérit Jacques Faneuse du Courrier musical. Documentaire, film régionaliste ou de propagande touristique, les journalistes se disputent les épithètes pour qualifier l’entreprise. « Chanson d’Armor, ce n’est pas un film, ni un roman, ni un conte, ni même une histoire en images, c’est un poème, l’éternelle sône de l’amour celte. Cela n’a pas d’âge, pas de date, c’est vieux comme le temps… M. Jean Epstein a compris, traduit la Bretagne – ce vieux Monde – comme s’il était né de son sol ou de son océan » souligne Michel de La Messuzière pour Corymbe. « On se plaint souvent de manquer de films de propagande touristique à l’usage de l’étranger. Eh bien ! en voilà au moins un ! », applaudit Pierre de La Roche dans L’Esprit médical. L’expérience ne devrait pas s’arrêter en si bon chemin, comme l’indique L’Intransigeant : « C’est une idée originale, et qui devrait faire école, que celle de tourner un film parlant breton. Notre pays offre une variété linguistique extraordinaire, et l’on peut mesurer quelle efficace propagande touristique pourraient faire des films parlants bretons, basques ou alsaciens ».

            Le déception (qui relève plus de l’anecdote), on la trouve dans les pages de l'hebdomadaire… breton, La Côte d’Emeraude, sous la plume d’un Jean de La Cote qui eût « préféré, pour [sa] part, une intrigue plus conforme au caractère de la vraie et vivante Bretagne d’aujourd’hui, celle qui lit L’Ouest-Eclair et qui va au cinéma (…). Surtout j’aurais souhaité à cette aventure sentimentale un dénouement moins cruel et qui ne laissât point le public sous une impression attristée ».

            Commanditaire de cet « événement cinématographique (…) essai de décentralisation artistique », L’Ouest-Eclair et son bataillon de 500 salariés s’avouent « heureux et fiers … de ce succès ». (cinémathèque française)
          • ChansondArmor.jpg

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